Pas le sang, les lilas

d'après Haute Surveillance de Jean Genet

Huit clos pénitentiaire entre trois condamnés. Identité, amour, sexualité,
à travers les barreaux, le temps s'accomplit « comme il est écrit ».

  Adulte   Troupe   Durée : 1 h 20 mn   Créé en juin 2014   Déconseillé -16 ans

L'équipe

  • Adaptation et mise en scène : Hazem El Awadly
  • Assistante mise en scène : Laura Lénac
  • Scénographie : Jean-Marie Eichert
  • Costumes : Hazem El Awadly
  • Photographie affiche : Joel Cartaxo Anjos
  • Régie son et lumière : Laura Lénac
  • Avec : La troupe du Théâtre Nout

À propos

Trois détenus sont enfermés dans une même cellule : Yeux-Verts, Jules Lefranc et Maurice. Yeux-verts est le plus respecté de la cellule car il est le seul à avoir tué quelqu’un. Il attend son jugement même s’il sait qu’il sera très certainement condamné à mort. Cette peine l’enferme dans une solitude, une rage et un profond malheur qui lui confèrent une certaine dignité. Jules et Maurice sont quant-à-eux condamnés pour des crimes mineurs. Maurice voue une profonde admiration à Yeux-Verts et il est déterminé à devenir comme lui, un grand assassin. Jules, lui, feint de haïr Yeux-verts mais en réalité, il l’idolâtre et devient très rapidement jaloux de Maurice et de sa complicité avec le criminel. Une forte tension naît entre les deux codétenus qui se battent pour obtenir le prestige et la protection de celui qu’ils considèrent comme le maître.

Cette œuvre a d’abord été écrite en 1942 sous le nom de Pour la belle. Elle a part la suite été modifiée de nombreuses fois avant d’être finalement publiée en 1949. Il s’agit de la première grande expérience d’écriture théâtrale de Jean Genet. L’auteur à écrit cet ouvrage pour lui-même car il était convaincu qu’il finirait sa vie dans un milieu carcéral. En 1967, Jean Genet décide de rejeter sa pièce et lui inflige le sort de « pièce mineure ». Ce n’est qu’en 1985 qu’il se résout à la modifier une dernière fois et à accepter qu’elle soit mise en scène.

Intentions

Jean Genet est un auteur qui parvient à exalter des thèmes souvent controversés tel que le mal, l’érotisme et l’homosexualité, grâce à une écriture plutôt raffinée. Il est vrai que la langue de Genet, par sa magnificence et sa justesse, ajoute à ses mécanismes un charme qui le place très au-dessus de toute écriture. C’est pourquoi, en 2006, nous avions mis en scène un de ces poèmes, Le condamné à mort.

L’idée aujourd’hui est de pouvoir rendre hommage à l’ancêtre de ce texte, à savoir Haute Surveillance, et d’en faire notre adaptation sous le nom de Pas le sang, les lilas.

Avec ce chef-d’œuvre, Jean Genet parvient à livrer les émotions qu’il a vécues en tant qu’homme emprisonné. Contre toute attente, on découvre une forme d’amour personnelle concernant le monde qui englobe la délinquance et l’emprisonnement. En effet, on peut déceler les thèmes qui ont préoccupés Jean Genet durant son séjour en prison : l’imaginaire, les relations de force et de pouvoir, la solitude, l’homosexualité, la masculinité, la sensualité, la découverte de l’autre mais aussi de sa propre identité.

Pour la scénographie de Pas le sang, les lilas, mon parti pris est de situer l’action dans la salle d’eau de la prison (mêlant hammam et salle de sport) et non dans la cellule des prisonniers. Pour garder l’esprit d’un hammam, j’ai choisi que l’espace soit brouillé dans la vapeur et dans la moiteur pour évoquer la sensualité du corps masculin et les désirs profonds.

La genèse de l’émoi du meurtre, le sentiment de fraternité et de l’inclination homosexuelle sont les éléments majeurs qui m’ont poussé à vouloir révéler comment d’un crime peut naître le goût de la soumission et comment l’étrangeté d’une admiration peut servir de révélateur de l’homosexualité.

Lenteur et lourdeur ont été les mots clés pour diriger les comédiens. Il était important pour moi de mettre en évidence ce huit clos dans un temps bien défini.