L’étrange odyssée d’un cafard
d'après Le destin d'un Cafard de Tawfiq Al Hakim
Le choc des sociétés : les cafards individualistes face aux fourmis communautaires.
Tout public Troupe Durée : 2 h avec entracte Créé en avril 2010
L'équipe
- Adaptation et mise en scène : Hazem El Awadly
- Scénographie : Hazem El Awadly, Jean-Marie Eichert
- Costumes : Hazem El Awadly
- Musique : Adrien
- Avec : La troupe du Théâtre Nout
Intentions
Après L’histoire d’un muezzin qui n’avait pas annoncé l’aube, la troupe du théâtre Nout avait laissé Tawfiq Al Hakim pour se lancer dans un long travail sur Jean Cocteau, avec notamment les adaptations du Livre blancet de L’école des veuves. Hazem El Awadly revient aujourd’hui à ses premières amours en adaptant le Destin d’un cafard de Tawfik Al Hakim. L’alternance entre ces deux auteurs, déroutante au premier abord, n’est cependant pas anodine. Il s’agit en effet d’une rencontre, autour de la Méditerranée, entre deux monstres de la littérature. L’un français, fasciné par l’Égypte, à la recherche de Schéhérazade et de la lampe d’Aladdin, et l’autre Égyptien, fasciné par Paris, ses théâtres et ses milieux littéraires.
Ce qui lie Cocteau à Al Hakim, c’est leur pensée libre et dérangeante, cherchant toujours à repousser les conventions, symbolisant ainsi la tendance humaine à vouloir vivre, et cela pleinement.
Les destins croisés du pionnier du théâtre arabe et du poète français, offrent mille et une coïncidences troublantes. La mise en parallèle de ces deux auteurs nous permet de mesurer l’importance de l’inter-culturalité entre Orient et Occident. C’est un enrichissement formidable tant pour le jeu d’acteur que pour notre approche du théâtre. De plus, cela apportera une nouvelle dimension à l’exploration du répertoire de Jean Cocteau.
Si le choix de l’auteur n’est pas laissé au hasard, celui de la pièce l’est encore moins. En effet, l’adaptation du Destin d’un cafard relève d’une volonté de réflexion sur la condition humaine et de l’engagement politique. Il est impensable, même le temps d’une représentation, d’isoler les problèmes politiques et sociaux au milieu desquels nous vivons. Or quel meilleur moyen que de confronter l’homme au choc de deux sociétés radicalement opposées : les cafards individualistes face aux fourmis communautaires. Le ton de la pièce est aussi soigneusement calculé : drôle oui, mais piqué de réflexions profondes, laissant le spectateur mitigé : faut-il vraiment en rire ? Est-ce si loin de nous ?
Cette velléité de la troupe du théâtre Nout rejoint « La nécessité intérieure » chère à Cocteau, recoupant la pensée d’Al Hakim : « L’artiste qui ne parle pas de lui- même présente forcément une œuvre incomplète, imparfaite ».